L’entreprise québécoise Innodal vise la sécurité alimentaire dans le monde entier
mai 30, 2024
Rien qu’au Canada, chaque année, des milliers de personnes sont hospitalisées et des centaines d’autres meurent d’intoxication alimentaire. Non seulement les coupables habituels, tels que E. coli, Salmonella et Listeria, mettent la vie des gens en danger, mais ils causent également des milliards de dollars en pertes pour les entreprises alimentaires partout dans le monde.
À ce jour, l’industrie ne disposait que d’un ensemble limité d’outils pour éviter la contamination des aliments, par exemple les traitements thermiques ou les produits chimiques agressifs au moment de la transformation, ainsi que des agents de conservation comme des sels et des sulfites. Ces produits peuvent altérer le goût, la texture et la valeur nutritive des aliments, et même être à l’origine de problèmes de santé particuliers.
Innodal, une entreprise de biotechnologie établie au Québec, est en passe de révolutionner l’industrie alimentaire grâce à une nouvelle technologie naturelle qui protège les consommateurs contre les contaminants tout en sauvegardant la qualité et la composition des aliments.
« Nous nous servons d’une protéine produite naturellement par une souche probiotique qui agit avec la précision d’un scalpel, ne tuant que le pathogène que nous voulons éliminer, explique Laurent Dallaire, président et cofondateur d’Innodal. Comme la cible de la protéine est si précise, nous n’avons qu’à en utiliser une toute petite quantité, et le peu qui en reste se dégrade naturellement en acides aminés. »
Selon M. Dallaire, l’industrie souhaite obtenir des aliments dont l’étiquette comporte le plus petit nombre d’ingrédients possible. Comme le produit d’Innodal est utilisé en si petite quantité – et qu’il est depuis longtemps disparu au moment où on consomme l’aliment –, il n’est pas nécessaire de l’énumérer dans la liste d’ingrédients sur l’étiquette.
Le mois dernier, le produit phare d’Innodal, Inneo, qui cible Listeria, a reçu le Prix du Gouverneur général pour l’innovation. Il s’agit de la première bactériocine approuvée par Santé Canada, et elle est en attente de l’approbation de la FDA aux États-Unis cet été.
M. Dallaire apprécie le rôle joué par Produits naturels Canada (PNC) pour la diversification de sa technologie vers de nouveaux marchés plus vastes. Innodal a reçu 250 000 $ du programme Validation de principe de PNC pour étendre les applications de son produit et valider son efficacité.
« Ce financement nous a aidés à tisser des liens avec les transformateurs alimentaires, explique M. Dallaire. Cela nous a permis de combler le fossé entre la science de pointe et son application dans le vrai monde. Nous avons été en mesure de démontrer qu’Inneo fonctionne, que ce soit dans l’industrie des fruits de mer, celle de la viande ou celle des fromages. »
Innodal a établi un partenariat avec E. Gagnon et Fils (Gaspe Shore), le plus grand transformateur de homard et de crabe du Québec, ainsi qu’avec Nutrinor, une grande coopérative québécoise qui, entre autres, transforme de la viande.
« Nous avons très tôt demandé à ces entreprises quels étaient leurs besoins, explique M. Dallaire. Nous avons donc eu des utilisateurs finaux prêts à investir du temps, de l’argent et de l’équipement, ce qui est la meilleure preuve que nous offrons quelque chose qui répond vraiment à un problème dans le secteur de l’alimentation. »
Une partie de leurs travaux en cours aborde ces besoins, notamment cibler les agents pathogènes alimentaires courants, ainsi que les levures et les moisissures qui réduisent la durée de conservation des aliments.
« Pour nous, 2024 est une année charnière, ajoute M. Dallaire. Inneo se lance à l’international, avec des entreprises en Europe et en Amérique du Sud qui commencent à l’utiliser, et l’approbation de la FDA viendra changer la donne pour sa commercialisation. Cette année, nous nous concentrons sur le passage à l’échelle supérieure, afin d’être prêts à répondre à la demande du monde entier. »